Réforme du financement de l’apprentissage : quels enjeux pour une formation plus juste et durable ?

Le succès fulgurant de l’apprentissage depuis la réforme de 2018 a profondément bouleversé l’équilibre du système, et on assiste aujourd'hui à un remaniement de ce système !
Réforme financement de l'apprentissage
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Un système en pleine tension : pourquoi la réforme du financement de l’apprentissage était-elle nécessaire ?

Le succès fulgurant de l’apprentissage depuis la réforme de 2018 a profondément bouleversé l’équilibre du système. En 2024, on compte près de 880 000 contrats d’apprentissage signés – un record historique. Cette dynamique a boosté l’insertion professionnelle : 66 % des apprentis de niveau CAP à BTS trouvent un emploi salarié dans les 6 mois suivant leur diplôme.

Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus complexe : le financement ne suit plus. Le modèle basé sur la prise en charge par les OPCO a révélé ses limites. Le coût moyen versé dépasse souvent le coût réel des formations, provoquant un déficit croissant pour les finances publiques. En parallèle, le système actuel n’incite ni à la maîtrise des dépenses, ni à une vraie stratégie d’orientation des fonds vers les besoins du marché.

Autrement dit : ça déborde de partout. L’État a donc dû réagir, avec déjà plusieurs baisses de financement entre 2022 et 2024. Mais en 2025, il fallait aller plus loin. Réduire les gaspillages, renforcer l’impact social, et soutenir les métiers d’avenir : c’est l’équation que cette nouvelle réforme du financement de l’apprentissage tente de résoudre.

Vers une régulation ciblée : que change la réforme du financement de l’apprentissage ?

Le gouvernement veut reprendre le contrôle sur un système devenu coûteux et parfois inefficace. La réforme présentée le 30 avril 2025 introduit un virage stratégique : mieux financer ce qui compte vraiment pour le marché du travail et la société.

Comment la réforme recentre-t-elle les moyens sur les métiers d’avenir et en tension ?

Désormais, les branches professionnelles peuvent moduler 20 % des financements recommandés par France Compétences, afin de prioriser certaines certifications. En parallèle, l’État pourra surbonifier les formations stratégiques jugées essentielles (ex : métiers verts, numérique, santé). C’est un signal fort : les moyens sont orientés là où l’impact est concret.

Les CFA devront donc adapter leur offre à ces nouvelles priorités. L’apprentissage devient un levier de réponse aux tensions du marché, et plus seulement un outil généraliste.

Quels impacts pour les formations aux niveaux CAP, Bac Pro ou BTS ?

Bonne nouvelle : les formations de niveau 3 à 5 (du CAP au Bac+2), qui offrent la meilleure insertion pro, seront protégées. Elles échapperont aux baisses de financement et à la contribution employeur. De plus, leurs besoins spécifiques seront mieux pris en compte dans les budgets.

👉 En clair : les fondamentaux sont renforcés. On soutient les jeunes les moins qualifiés, ceux pour qui l’apprentissage est souvent la dernière chance avant le décrochage.

Les CFA sont-ils vraiment gagnants dans cette transformation ?

Pas si simple. La réforme impose des règles de financement plus strictes :

  • Fin des forfaits mensuels : le financement sera proratisé à la journée.
  • Si plus de 80 % de la formation est à distance : réduction automatique de 20 % du financement.
  • Un solde final de 10 % est désormais conditionné à l’achèvement complet du contrat.

Les CFA devront aussi récupérer eux-mêmes la nouvelle contribution de 750 € pour les formations niveau Bac+3 et plus. Autrement dit, plus de transparence, mais aussi plus de responsabilités.

Le point de vue de Juwa : pour un apprentissage durable, inclusif et accessible

Chez Juwa, l’apprentissage est vu comme un levier d’égalité des chances et de transition écologique. Si elle est bien accompagnée, cette réforme peut accélérer cette vision.

En quoi la réforme peut-elle renforcer l’égalité des chances ?

En sanctuarisant les financements des niveaux CAP, Bac Pro, BTS, la réforme protège ceux qui en ont le plus besoin : jeunes en difficulté scolaire, sans réseau, issus de zones rurales ou de quartiers prioritaires. C’est une reconnaissance claire que l’apprentissage est un levier d’inclusion, pas un simple outil économique.

C’est aussi un choix politique fort : continuer à investir sur les premiers niveaux de qualification, c’est croire que chacun mérite une deuxième chance, peu importe son origine.

Quel rôle pour les CFA alternatifs, engagés dans la transition écologique et sociale ?

Les CFA alternatifs, comme ceux soutenus par Juwa, qui forment aux métiers verts, de la tech responsable ou de la data éthique, peuvent bénéficier de cette réforme, à condition que leurs formations soient reconnues comme stratégiques.

Cela implique de travailler main dans la main avec les branches professionnelles, de faire valoir les spécificités locales et sociales, et de défendre des modèles pédagogiques hybrides, sans que ceux-ci soient systématiquement pénalisés.

Risques, limites et opportunités : quelles pistes d’amélioration pour la suite ?

La réforme 2025 du financement de l’apprentissage marque une étape importante. Mais pour tenir ses promesses sur le long terme, elle devra surmonter plusieurs défis.

Quels freins à anticiper pour les entreprises et les CFA ?

Du côté des entreprises, la contribution de 750 € par apprenti Bac+3 ou plus pourrait en freiner certaines, notamment les PME, malgré son montant modéré. Sans accompagnement ou compensation, le risque est réel de voir une baisse des contrats sur ces niveaux.

Pour les CFA, la complexité administrative augmente à court terme : recouvrement direct des contributions, proratisation, gestion de fin de contrat… Les plus petits organismes, ou ceux à but non lucratif, risquent d’être fragilisés.

Et pour l’ensemble du secteur, le plafonnement étendu aux niveaux Bac+2 pourrait impacter la viabilité des formations plus coûteuses, notamment en filières techniques ou innovantes.

Vers une externalisation croissante : les freelances juniors en alternative à l’apprentissage ?

Avec la réduction progressive des aides et l’introduction d’un forfait de 750 € par contrat pour les formations niveau Bac+3 et plus, certaines entreprises pourraient revoir leur stratégie de recrutement. Plutôt que d’investir dans des contrats d’apprentissage long terme, le recours à des freelances juniors devient une alternative plus souple et moins contraignante.

Cette bascule, déjà amorcée dans les secteurs tech et créa, risque de s’accélérer, au détriment d’une logique de formation en profondeur. Ce phénomène pose une vraie question : comment maintenir la montée en compétence sur le temps long, si le court-termisme économique devient la norme ?

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